Note de l’editeur:

«&» est un travail collectif, né de la rencontre entre la photographe Indrani Lukomski et Izet Sheshivari. Une série de photogrammes dans un cadre, deux objets graphiques, des lignes, des rythmes, des pleins et des vides. L’un et l’autre expérimentent avec la lumière dans la chambre noire et la transparence du sujet. En positionnant la paille et l’eau directement sur le papier baryté, la lumière crée le photogramme. Il n’y a pas de négatifs.
Chaque couverture est unique, comme les photogrammes reproduits dans cette publication : des gouttelettes d’eau sont vaporisées sur le cylindre d’impression offset au moment du tirage. Le choix de deux papiers de couleur pour les couvertures évoque une polarité, attirance et/ou répulsion.

Réagissant à l’exposition de la lumière et à sa diffraction, l’eau fige une empreinte unique à chaque exposition de la couche sensible du papier. L’esthétique de ces formes simples et organiques renvoie aux recherches des pionniers tels que Moholy-Nagy, et aux Reflected Light-Plays de Hirschfeld-Mack comme aux photogrammes de Man Ray ou les photographies sous rayon X de Polak.
Proche d’une radiographie dans son résultat, les gouttelettes créent au moment de l’impression des traces, bulles sur le papier, du marbre, du quartz. Un sentier, à la campagne, un champs après la pluie.

Les pailles sont agencées entre elles, transparentes, sur un fond noir, on distingue leurs lignes claires, quelques bulles. Elles sont disposées côte à côte, elles se regardent, se font face. C’est un tube, un bec, un espace froissé, un angle rond. Des figures allégoriques de corps, de couples. Dos à dos, contre l’autre, disposées, en équilibre. Deux être qui se rejoignent sur la page. Un jeu sur la symétrie et l’asymétrie des figures, un jeu allégorique, un alphabet géométrique illisible.

Indrani Lukomski nous parle du temps comme d’une qualité existentielle, «and how we exist in time is fundamental to understanding further existential reflections». Analogie de ce que peut éprouver le temps, le corps, l’air et le sol, et de manière plus essentielle : des aspirations et des transferts. Objet visuel — objet corporel. La lumière grise, et un temps étiré, particulier.