Enzo Mari (1932-2020) était un pionnier du design durable et l’un des designers les plus inspirants de sa génération. Il avait développé une approche à la fois sociale, environnementale et politique des projets. En ce sens, il est considéré comme un modèle par les jeunes activistes du design contemporain.

Plus important encore, il avait inauguré une forme de design affranchie de l’obsolescence programmée et du consumérisme, notamment avec le livre «Autoprogettazione?», où il développait l’approche «do it yourself». Plusieurs de ses livres sont en vente à Large/Kiosk.

Né dans le Piémont dans une famille modeste, il s’inscrit en 1952 à l’Académie des Beaux-Arts de Brera, où il étudie la méthodologie du projet.

Sorti de l’Académie sans diplôme, il se perfectionne en expérimentant. Il développe des objets artisanaux et industriels, affine sa méthode et participe aux débats théoriques de l’époque.

Dès 1963, il enseigne à la Scuola Umanitaria de Milan, puis au Centro Sperimentale di Cinematografia de Rome, toujours le même sujet, sa passion: la méthodologie.

Depuis des années, Enzo Mari travaillait et cultivait ses bonsaï dans un appartement-atelier du cœur historique de Milan, dans un vieil immeuble du XIXe siècle, avec sa femme, la critique d’art Lea Vergine. Il est décédé lundi, 19 octobre. Quelques heures plus tard, on apprenait la mort de sa femme. 

Cela faisait plus de cinquante ans que Mari enchantait le monde avec des solutions innovantes, des produits durables, des créations toujours justes et honnêtes. Une vingtaine d’objets qu’il avait inventés dans les années 1960 sont toujours vendus, et toujours pertinents aujourd’hui: calendriers, lampes, chaises, jeux d’enfants comme celui qui nous montre dans «L’altalena», que ce soit pour Danese, Artemide ou Zanotta.

Quand la journaliste Alessandra Burigana demandait en 2005 à Enzo Mari de décrire le métier de designer, il répondait ceci:

«Si je devais donner la définition d’un bon designer aujourd’hui, je dirais qu’il ressemble à un vieux paysan qui, à la fin de sa vie, décide de planter un bois de châtaigniers. Il n’aura pas l’occasion de manger les châtaignes, ni de se reposer à l’ombre des arbres, ni d’utiliser leur bois. Mais à une époque où l’on rase les forêts et détruit la nature, il les plante en pensant à ses petits-enfants. Voilà le modèle que je me fixe.»

Les châtaigniers sont en pleine croissance, Enzo. Nous allons en prendre soin.

/sélection

The see-saw

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